L'obscurité se dissipait peu à peu alors qu'il reprennait difficilement conscience. Des voix l'entouraient. La migraine qui lui martelait les tempes était telle qu'il aurait voulu qu'elles se taisent mais il ne parvint pas à dire un seul mot.
Petit à petit, les événements lui revenaient en tête. Le Général, la silouhette encapuchonnée, Quillan Muire, les guerriers squelettes. Il était tombé! Ses camardes! Il lui fallait les guider vers la sortie!
Il se reveilla en sursaut, trempé de sueur. Il était dans une pièce ou régnait une douce fraicheur. Il était allongé dans un lit mouelleux aux draps chauds et acceuillants.
Daray, le maître Druide, était penché sur son lit et le força à se recoucher. Il lui parlait d'une voix douce et chaleureuse mais la migraine de Sophen l'empêchait de comprendre ce qu'il lui disait. Sa conscience lui semblait s'être détachée de la réalité et vaquer à sa guise autour de sa raison sans jamais la rencontrer.
Daray lui souleva la tête et le força à avaler une potion au gout fort et très amère. Ce fut comme si on avait coupé les ailes de son esprit et qu'il retombait lourdement dans sa tête. Son mal au crâne s'intensifia mais il comprenait à nouveau ce qu'on lui disait.
- Reste allongé, lui conseillait Daray, il faut que tu te reposes.
- Les autres, bredouilla-t-il à grand peine, où sont les autres.
- Ils vont bien rassures toi, tout va bien calme toi.
Il se détendit et sombra dans un profond sommeil dont il ne se reveilla que le lendemain. Sa migraine n'était plus qu'un léger bourdonnement dans ses oreilles et, voyant que Daray n'était plus à son chevet, il se redressa sur les coudes et observa la pièce.
Le Général ronflait bruyamment dans un lit à côté du sien. S'il ronflait c'est qu'il dormait. S'il dormait, il n'était pas dans le coma. Tout allait. Il se rallongea, ferma les yeux et dormit à nouveau.
Il dormit longtemps. Se reveilla plusieurs fois sans qu'il n'y ai personne autour de lui. Quelqu'un disposait des plateaux chargés de nourriture pres de son lit. Il mangeait autant qu'il pouvait, c'est à dire très peu. Il rêvait beaucoup. Il voyait la silouhette encapuchonée, il voyait le Général, il voyait des squelettes. Il voyait ses compagnons en train de combattre. Il voyait un feu éteint entouré d'araignées monstrueuses. Le feu! Quelqu'un avait laissé le feu s'étaindre!
Il se reveilla à nouveau en sursaut, tremblant et trempé de sueur. Sa migraine avait disparut et il se sentait beaucoup moins faible. Korac et Zou était à son chevet. Il s'assit dans son lit et les regarda un moment.
Korac avait la tête bandée et un bras en écharpe. Zou ne portait aucun pansement mais lorsqu'elle se leva pour aller lui chercher de l'eau il remarqua la raideur de sa démarche. Il but une gorgée puis se laissa a nouveau aller sur ses oreillés.
- Racontez moi s'il vous plait, dit-il simplement.
Et ils lui racontèrent. Il lui racontèrent comment la panique s'était emparée d'eux quand ils l'avaient vu s'évanouir. Comment Korac avait décidé de prendre le commandement à sa place. Comment Berthe et Moko avaient porté le Général au dehors, comment Trilden et Tickel l'avaient porté lui à l'extérieur pendant qu'ils couvraient leur retraite avec le soutient de Mori. C'est à ce moment qu'ils avaient été blessés mais Mori leur avait prodigué les premiers soins.
Ils avaient ensuite marché péniblement jusqu'à l'entrée nord de Tir Na Nog où la garde de la cité les avait pris en charge et ramené jusqu'à l'académie. Daray avait dit que le poison qui infectait le Général ne lui poserait pas de problème majeur et que Sophen avait bien travaillé. Il avait dit aussi que l'état du jeune druide était préoccupant et il leur avait interdit de venir lui rendre visite jusqu'à aujourd'hui.
D'après ce que Zou avait compris, il avait trop puisé dans ses réserves pour soigner le Général et avait mis sa propre santé en péril, cependant il lui avait sauvé la vie.
Sophen ferma les yeux un instant puis se redressa d'un bon. Plusieurs douleurs dont il n'avait encore pas pris conscience se réveillèrent alors. Il s'assit donc avec plus de prudence avant de poursuivre.
- Qui était de garde quand le feu s'est éteint?
Korac le regarda un instant puis répondit à mi-voix.
- Ca c'est mon secret.
Il leva la main pour faire taire ses protestations avant de poursuivre.
- J'en ai parlé avec le responsable et j'ai décidé de ne pas en faire un étalage public. Tout ce que tu as besoin de savoir c'est que cette personne ne nous fera jamais plus de remarque désobligeante.
- C'était Moko n'est ce pas?
- Je n'en dirai pas plus et je t'interdit de chercher à en savoir plus ou d'en parler à quiconque, jamais. Fais moi juste confiance.
Et il accompagna sa réponse du regard qui avait fait sa réputation au cours de maniment des armes. Le sujet était clos et Sophen n'avait pas particulièrement envie de s'attirer les foudre du jeune finelame.
- Depuis combien de temps je dors?
- Depuis longtemps. Tu as raté beaucoup de cours. Nous avons atteint notre quinzième cercle. Mais rassure toi. Lobais m'a chargé de te dire que ta prise de commandement lors de la bataille t'avait valu d'atteindre ton dix huitième cècle. Nous nous sommes permis de faire un rapport détaillé à notre retour, ajouta-t-il devant le regard interrogateur de Sophen.
- Merci, dit-il simplement avant de se rallonger et de se rendormir.
La convalescence de Sophen dura encore quelques temps puis il put reprendre les cours. Ses camarades avaient également acquis leur dix huitième cercle et au final, un peu de travail supplémentaire le soir lui permis de vite combler le retard pris alors qu'il devait garder le lit.
Le Général semblait s'être bien remis de son combat dans la Tombe de Muire mais avait refusé de répondre aux questions de Sophen lorsque celui-ci avait réussi à se retrouver seul avec lui dans un lieu isolé. Il s'etait contenté de lui poser brutalement une main sur l'épaule en lui disant qu'il était un enfant très doué et très courageux mais qu'il y avait certaines choses qu'il ne devait pas savoir ni même chercher à savoir.
Le vintième cercle ne tarda pas à poindre à l'horizon et avec lui la fin de leur premier cycle d'apprentissage. Il regagneraient bientôt leur foyers pour une brève période de repos avant de s'attaquer à leur second cycle qui les mènerait du vintième au trente cinquième cercle du savoir.
Mais avant se tiendrait le traditionnel banquet de fin de cycle. Et tout comme la traditionnelle excursion dans la Tombe de Muire, le banquet de cette année allait être particulièrement atypique.
A suivre.
(HRP: Je vous prie d'excuser ma longue période de silence, mais j'ai eu quelques problèmes de santé (qui sont en bonne voie) et un traitement médical particulièrement corsé. Sous l'effet des médicaments, j'étais totalement incapable d'organiser mes idées, voir même parfois, de parler clairement. Je poste donc deux chapitres rapidement pour combler celà et suis sûr que vous ne m'en tiendrez pas rigueure
A Bientôt)