La Mort est mon Métier - Journal de Lyzara Sombrétoile

De nobles conteurs, à l'esprit empli de légendes et de hauts-faits, parcourent souvent notre belle place ! Venez les écouter !

La Mort est mon Métier - Journal de Lyzara Sombrétoile

Messagepar Chat de Schrödinger » Sam 01 Déc 2007, 1:04

Avant-Propos

On est dans le hors-sujet total par rapport à DAOC ou d'autres MMO, mais Oblivion doit être un jeu qui dit quelque chose à un certain nombre d'entre vous. Il y a une bonne année et demie, quand ce jeu est sorti, une des plaintes les plus communes sur son forum officiel (in English, I'm afraid ;) ) était qu'il était impossible d'en suivre l'intrigue principale en jouant le rôle d'un personnage mauvais, voire maléfique. J'avais alors commencé (et continue petit à petit à écrire) le journal de la "charmante jeune fille" avec laquelle j'avais découvert les histoires d'Oblivion.

Ces derniers temps je me suis piqué d'essayer de le traduire, mais c'était tout sauf évident. Alors du coup j'essaie de réécrire la même histoire en Français, avec les différences qui s'en suivent quand j'essaie de me mettre "dans la peau" de Lyzara Sombrétoile, une jeune femme cynique et égoïste, qui n'a rien d'une héroïne et encore moins envie d'en être une. Ce que vous lirez seront, pour l'essentiel, des premiers jets, mais je suis curieux de voir ce que vous en penserez :)


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La Cité Impériale, les Geôles

Un jour ou une nuit quelconque où on a daigné me laisser de quoi écrire



Je n'aurais jamais imaginé ce qu'étaient les vraies préoccupations d'une condamnée à mort dans l'attente du bourreau.

Pour être franche, je n'aurais jamais imaginé que cette sotte de Titia me ferait condamner à mort. Ma mère adoptive a été d'une mesquinerie sans bornes au quotidien, mais elle fait partie de ces gens fondamentalement méchantes qui s'imaginent être des parangons de vertu. Elle a passé quatorze ans à me seriner à quel point j'étais chanceuse qu'elle m'ait tiré de l'orphelinat où je croupissais (soit dit en passant, le lieu n'avait pas grand chose à envier à la cellule où je moisis aujourd'hui), et à me reprocher mon ingratitude devant les sacrifices qu'elle et son époux Rufio consentaient à faire pour moi. Je sens qu'à ce point de mon récit, l'honorable lecteur se dit que je devais être une fichue gosse gâtée. Les cicatrices qui zèbrent mon dos tendent à dire le contraire - encore que, je vous le concède, la couche de crasse dont elles sont recouvertes les rend assez peu distinctes.

Maudite saleté ! Je sais bien qu'une prison n'est pas un hôtel de grand luxe, mais de là à laisser les gens pourrir de cette façon... Trois ou quatre bons mois que je suis détenue, et pas une fois on ne m'a offert une opportunité de me laver. Inutile de vous dire l'effet que mon apparence poisseuse, les guenilles collées à ma peau par la crasse, mes cheveux mêlés et figés sous une couche luisante de graisse, mon besoin irrépressible de me gratter pour échapper un instant à la torture des poux, n'ont pas été pour m'attirer les grâces du jury qui m'a condamnée. Pour être franche, je serais prête à n'importe quoi, même à commettre un second meurtre, pour pouvoir prendre un bon bain chaud et me débarrasser de toute cette saleté.

Non, vous n'avez pas rêvé : le plus cher désir d'une meurtrière et condamnée à mort est un grand baquet d'eau savonneuse. Je doute qu'on me l'accorde en guise de dernière volonté : une jeune fille qui n'a pas vingt ans, pendue toute blanche et immaculée, ça fait songer à une erreur judiciaire. Une loqueteuse en haillons à la mine haineuse (pour l'état dans lequel on l'a mise et la façon dont on la donne en spectacle, mais ça, pas besoin de le dire au bon peuple), ça a ce que ça mérite.


A ce stade de votre lecture, vous devez penser à une autre sorte de nettoyage auquel l'éthique et le bon sens voudraient que je me livre : une meurtrière qui a, en prime, plaidé coupable, à défaut de nettoyer ses puces, ça devrait laver son âme à grands seaux d'eau rédemptrice. Je vous préviens, si vous attendez une manifestation de repentir de ma part, vous allez attendre longtemps. Cette maudite Titia a eu ce qu'elle méritait, et d'ailleurs, tout ce qui est arrivé est entièrement de sa faute.

Comment ça, pas convaincu ? Vous voulez vraiment savoir pourquoi j'ai continué à la plaquer de toutes mes forces contre cet oreiller jusqu'à ce qu'elle s'étouffe ? Mais j'étais terrorisée, mes pauvres amis ! Cette maudite garce m'avait battue plus d'une fois pour des broutilles, alors imaginez ce que ça aurait été si elle m'avait punie pour avoir osé lever la main sur elle ! J'avais le choix entre la tuer et me faire battre à mort, la belle affaire ! Et là, j'ai bien peur d'être une fille comme les autres, pas pressée de partir à la découverte des merveilles de l'Oblivion - je ne voulais pas mourir, par les Neuf Divins ! Et maudits soient-ils de m'avoir mise dans une situation où j'avais le choix entre mourir tout de suite et mourir plus tard !

Et n'allez pas dire que c'est de ma faute si Titia était dans une rage folle quand elle est montée dans ma chambre ce soir-là ! Je n'aurais jamais couché avec Rufio s'il n'avait pas eu à soigner mes blessures, et s'il ne s'était pas rendu compte à cette occasion que la gamine que j'étais est devenue une jolie fille ! Quel sombre crétin, celui-là... Pour dorloter sa petite fille, il était toujours là, mais pour bastonner sa femme un bon coup histoire qu'elle me fiche enfin la paix, pas question ! Vous n'imaginez pas ce que raconteraient les commères... Enfin, pour ses affaires, c'était pareil. Rufio faisait les armes et les armures, mais les cordons de la bourse, c'était Titia qui les tenait, et gare les oreilles quand son Jules demandait des sous pour quelque chose qui n'avait pas directement rapport avec le commerce !

Je ne comprendrai jamais à quel point cet homme a pu être aussi mou et bête... Parce que le pire, dans cette affaire, c'est qu'il était quand même sacrément attaché à sa femme, le bougre. Elle l'avait sorti du trou au fond duquel il était tombé, lui aussi... Bah ! S'il avait eu deux sous de jugeote, il m'aurait aidée à faire disparaître le cadavre, et il aurait été beaucoup plus heureux seul avec moi qu'absolument seul. Seulement voilà, il a fallu que la seule fois où cet idiot a fait preuve d'un tant soit peu d'énergie, c'est quand la mort de sa femme l'a rendu à moitié fou. Si la garde n'était pas arrivée, il y a longtemps que j'occuperais ma petite place dans une fosse commune, et ce serait peut-être Rufio qui supporterait la compagnie des rats à ma place.


On imagine pas la richesse de la faune qui habite nos geôles. Je vous assure, il y a autant de vie là-dedans qu'on en trouve en plein Boisnoir ! Ca n'a aucun rapport avec le sujet qui vous préoccupe, je sais, chers notaires, mais franchement, si vous n'aviez pas encore compris que ce testament ne mentionne en aucune façon mes dernières volontés, c'est que n'importe quel imbécile lettré peut acheter votre charge. Non mais regardez-vous un peu, crétins que vous êtes ! Vous avez obligation légale de lire jusqu'au dernier mot tout ce que je suis en train d'écrire, en sâchant pertinemment que mon "testament" ne mentionne rien qui ait rapport avec votre charge ! Et vous allez lire jusqu'au bout, en bons moutons que vous êtes, et si ça se trouve vous allez même tourner et retourner mes mots dans tous les sens pour trouver le sens caché de tout ce que je suis en train d'écrire, insultes comprises !

Allez va, je suis une bonne fifille, dans le fond, alors même s'il y a autant de chances que vous accédiez à mon souhait qu'il y en a que l'Empereur en personne débarque dans ma cellule, si j'ai une dernière volonté, c'est de pouvoir passer une heure seule avec un grand baquet d'eau chaude et du savon ! Je suis gentille, je vous fais grâce de la demande de vêtements propres pour paraître à l'échafaud.


Bon, où en étais-je...

Ah, oui ! Le bestiaire de cette magnifique prison !

Je vous ai déjà parlé de ces fichus rats. Ces sales bêtes s'assurent que même si votre gruau est infâme, votre eau saumâtre et votre pain rassis et couvert de moisissure, vous allez vous empresser de tout avaler, quitte à vous souiller encore un peu plus avec une diarrhée de tous les diables en guise de récompense - sans parler du miracle d'avoir réussi à tout garder dans votre ventre, mais l'être humain à cela de formidable qu'il s'habitue à tout, même au pire. Et le pire, ça reste quand même ces sales bêtes, à l'affut de la moindre occasion de vous faucher votre pauvre pitance, voire de s'attaquer à vos orteils ou à votre nez en guise de hors d'oeuvre si vous avez le malheur de tomber malade - ce qui n'est pas rare dans ce fichu trou. Et quand vous avez le malheur de sentir le sang... Heureusement que ce tabouret est solide, parce qu'il a servi, et pas qu'une fois. Non que je sois une combattante de grande classe, mais pas question de laisser ces saletés me pourrir encore plus le peu de vie qui me reste.

Il y a une fissure en hauteur, dans un coin au fond de ma cellule, par laquelle les sales bêtes entrent. J'ai essayé de jeter un oeil à ce qu'il y avait derrière, perchée sur mon tabouret. Ca m'a valu une visite de ces charmants gardes, histoire de s'assurer que je ne pourrais pas sortir par-là et que je me tiendrais tranquille. Pas idiots, à priori : on sent de l'air... hmm, pas frais, mais il y a un petit courant d'air qu'on peut ressentir en se plaçant devant l'ouverture. En revanche, pour ce qu'il y a derrière, impossible de savoir. D'ailleurs je ne suis pas certaine d'avoir vraiment envie de savoir, vu toute la vermine qui rentre déjà par ce fichu trou.

Parmi les parasites qui pullulent dans une prison je suis obligée de mentionner une espèce rare : un elfe noir du nom de Valen Dreth. Celui-là a le don d'énerver tout le monde, gardes compris. Il a passé des heures et des heures à se payer ma tête, se gaussant de "ces brétons imbus d'eux-mêmes et de leurs pouvoirs, et infoutus de faire le moindre tour de magie dès qu'on passe aux choses sérieuses". Il est mignon... Ce ne sont pas les ridicules flammèches que je peux conjurer, ou le sort de cicatrisation qui a fini par me permettre de fermer l'oeil les nuits suivant les crises de nerfs de Titia, qui allaient me servir à grand chose. Remarquez, en cas de surprise, les étincelles peuvent flanquer la trouille à un rat juste assez longtemps pour attrapper de quoi l'assommer, mais pour ce qui est de s'attaquer aux barreaux ou à la fissure, je peux toujours rêver. Quant aux gardes, n'en parlons même pas.


Ah, bonne nouvelle pour vous, honorable lecteur ! L'encrier est presque vide, vous n'aurez donc pas à lire les divagations du grand Valen Dreth lorsqu'il raconte ses histoires à dormir debout. Et d'ailleurs vous avez suffisamment été payé à ne rien faire d'efficace, et pour ma part, je dois encore trouver au moins une petite vengeance à faire subir à votre maudite justice avant de mourir étranglée.


Recevez, chers notaires, l'assurance de mon plus profond mépris.

Lyzara Sombrétoile


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Messagepar Stiou » Ven 07 Déc 2007, 13:04

J'aime beaucoup, ça me rappelle des choses...

Une suite, une suite !!!
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Messagepar lumia » Ven 07 Déc 2007, 16:36

Il existe deja un livre intitulé " la mort est mon metier" : c'est l'histoire d'un dirigeant de camp de concentration, je l'ai lu et c'est vraiment bien comme livre même si evidemment c'est pas drole du tout.

l'auteur c'est Robert Merle mais je suis plus tres sur.
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Messagepar Chat de Schrödinger » Ven 07 Déc 2007, 20:28

Le titre vient en effet de l'oeuvre de Robert Merle, et d'ailleurs le format en a inspiré celui que j'ai employé pour cette histoire.

A sa façon Lyzara est humaine, elle aussi, ce qui ne l'empêche pas d'être dangereuse :)
L'humanité n'a qu'une science, celle du mécontentement.
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