La quête de l'enfant perdu / histoire

De nobles conteurs, à l'esprit empli de légendes et de hauts-faits, parcourent souvent notre belle place ! Venez les écouter !

La quête de l'enfant perdu / histoire

Messagepar Clair de lune » Mar 02 Mars 2004, 16:42

Tir Na Nog la grande, la brillante, une cité de lumière, de richesses, de beautés affichées. Des courbes élégantes, des couleurs, les échos d’une ville grouillante de vie et pourtant…
Personne ne voit, ou personne ne veux voir ce que l’on appelle la cité souterraine, une ville sous la ville ??? Oui, mais aussi une ville dans la ville. Tant de gens ne font que passer à Tir Na Nog qui ne lui connaissent qu’un visage, celui qu’elle veux bien montrer. Et pourtant …
Il existe une autre Tir Na Nog, une ville sans pitié où règne la loi du plus fort. Une ville où la pauvreté côtoie la fortune où la faim regarde l’abondance. Cette ville est là, sous nos yeux, mais on ne la voit pas. Enfant de misère, elle abrite les laissés pour compte, ceux qui n’ont rien, mais aussi ceux qui vivent dans l’ombre. Les voleurs, les bandits, les assassins, les espions. Tout ces gens masqués, dignes ou indignes mais bien présents. Et ceux qui se battent chaque jour pour rendre leur vie un peu meilleure, ceux qui travaillent pour un repas, qui vivent dans des taudis sous la cité dans les vastes cavernes. Ceux là, personnes ne les connaît et pourtant, ils sont là. Ils regardent le monde avec leur yeux et ils ne le comprennent pas. Ils regardent passer les puissants, ceux des maisons que nous appelons guildes. Ils regardent les artisans utiliser des matériaux si coûteux qu’avec ils pourraient nourrir leurs familles des semaines durant. Enfants du silence… Qui ose parler d’eux, qui ose ne serait-ce que les évoquer ??? Où s’arrête le regard de celui qui ne veut pas voir…

Zak est un enfant d’en dessous. Orphelin sans passé, homme sans futur, une feuille au cœur du maelström. Il ne connaît que ce que porte sa mémoire, il ne possède rien d’autre que ce que ses bras peuvent porter. Et pourtant…
Les rires joyeux de ceux d’en haut n’ont jamais marqué son visage, il est trop grave, trop gris, trop seul. Il ne remonte qu’a la nuit tombée et il erre. Il longe les murs froids de la ville en quête de sa survie, il cherche. Il cherche comment sortir, comment changer son étoile. Un autre chemin, une autre vie, un autre regard sur lui même. Mais comment faire lorsque l’on a rien, les monstres sont partout, l’extérieur est dangereux… Mais dedans c’est la mort. Alors ce soir, il est prêt… Et pourtant…
Que se passera t’il une fois dehors, et où aller ??? Le ville, il la connaît mais au delà des lourdes portes bardées de métal qui a t’il ??? Et si il demandait de l’aide, oui il y a sûrement de braves gens chez ceux d’en haut. On le chasserait c’est sûr, on le battrait même sans doute. Que faire alors. Attendre demain… Un jour de plus pour être sûr. Oui pourquoi pas, un jour de plus ou de moins, quelle différence. Oui, quelle différence, alors pourquoi attendre demain… De toute façon, il était prêt, son sac sur l’épaule, un sac presque vide, plus un symbole qu’autre chose. Oui, ce soir c’était le bon soir.

Zak regarde autour de lui et il aperçoit une femme blonde qui avance d’un pas sûr. Elle porte une belle armure de couleur rouge, ses cheveux sont d’or. Son parfum est délicat. Elle a une cape bleu et blanche, il en avait déjà vu de pareil. Il ferme les yeux et lui emboîte le pas. Il se laisse guider par son ange, celle qui allait sans le savoir le mener vers autre chose.
Il sent sur son visage le vent froid de la nuit et il ouvre les yeux. Il y a de l’herbe au dehors et la vue porte loin. Il se sent libre. Il regarde de droite et de gauche à mi chemin entre l’émerveillement et l’angoisse. Ils croisent un guerrier géant armé d’une grande lance. Son visage est sévère. Il porte lui aussi une cape bleu et blanche et la jeune femme le salue et lui envoi un baiser. Il aurait été heureux de le recevoir ce baiser… Mais le guerrier y prêta a peine attention, il salue se tenant droit et fier avec sa lance. Il est magnifique dans son armure dorée… Il doit être très riche et très puissant. Ils reprirent leur marche. Zak se demanda si le guerrier était bon et gentil. Il repensa au baiser. Il était surpris que l’on ne puisse pas percevoir un geste comme celui ci. Les guerriers géants ne pensaient sans doute qu’à la guerre. Il en avait entendu parler de la guerre, c’était une chose terrible. En voyant celui ci, il comprenait pourquoi et combien il fallait être fort pour survivre à ça. La femme en rouge avance tranquillement, Zak doute qu’elle se soit rendu compte qu’elle était suivie. Il voit des créatures tout autour d’eux, il a peur. Il réduit la distance a tel point qu’il est à un mètre de la guerrière. Celle ci se retourne :

- « Et bien jeune garçon, te voilà perdu ? ? ? Pourquoi marches tu dans mes pas ? ? »

Zak reste un instant sans rien pouvoir articuler puis il bredouille une vague réponse :

- « Je.. non non… J’apporte un message ! ! !
- Pour moi ? ? ? Ohh j’espère que ce n’est pas une mauvaise nouvelle, le chef est assez soucieux comme ca.
- Je… non… Le message n’est pas pour vous.
- Ohh excuses moi jeune garçon, je reçois souvent des messages et même si je me refuse a l’avouer, j’adore ca. Où vas tu ??? Et quel est ton nom ???
- Je… m’appelle Zak.
- Très bien moi c’est Kyrkea, bon alors où vas tu ? ?
- Je… porter un message.
- Ahh oui… Bon vu où nous sommes, je suppose que tu vas à Druim Ligen. Viens avec moi je t’emmène, nous allons courir un peu.

Zak ne dit, rien, il se contente de courir derrière le jeune femme. Il se demande s'il pourra tenir assez longtemps avant qu’elle ne s’arrête. Soudain elle marque une pause. Elle doit le faire a cause de moi pense t’il. Mais elle ne lui dit rien, prononce quelques mots et repart de plus belle. Les pas de Zak sont légers, ses jambes bougent à une vitesse folle, les larmes montent à ses yeux. De la magie ! ! ! Il est stupéfait de voir défiler le paysage. Il se demande si il survivra à une chute, mais enivré par la vitesse, il se laisse porter. Ils arrivent enfin devant une forteresse massive.

- « Voilà Zak, tu es arrivé, je vais te laisser porter ton message car je suis attendue par des anges pour aller défendre les frontières. Bonne route et sois prudent. »

Il la regarde s’éloigner à vive allure, oui, c’était bien un ange, il le sait maintenant.


La voix grave du guerrier le fait sortir alors, de sa rêverie.

- Ne restes pas planté là toi ! Tu ne vois pas que tu gènes !

Bredouillant des excuses, il recule et heurte une femme qui laisse échapper toute une série de fioles sur le sol.

-Hé toi !! Tu peux pas faire attention !!!!

Tout autour de lui n'est que mouvement incessant et Zak est pris de panique soudainement devant ce brassage humain.
Les cris deviennent poignards à ses oreilles, son corps tout entier est secoué à chaque frôlement et le martèlement de son coeur envahit tout son espace intérieur
Plus de repères... Sa tête tourne.... sa gorge s'assèche...
Les jambes tremblantes, le souffle court, il trouve refuge sous un grand escalier de bois.
La pierre dure est froide contre son dos, rocher dans le tourbillon qui menace de l'emporter.
Lentement, il se laisse glisser sur ce sol qui cherche à s'ouvrir sous ses pieds pour l'engloutir tout entier..

- Respire! Respire, pense-t-il

"La respiration est maîtresse de Salut! Respires et tu vivras!" disait le maître à son élève ce jour là.
Ce jour là, où caché et invisible dans le Bosquet des Druides, il avait assisté à la leçon sans que personne ne le sache.

- Respire.....

Zak avait intuitivement compris combien cette simple phrase recelait de pouvoir et, alors que le jeune novice rechignait sans comprendre, il avait lui, en secret, effectué les exercices donnés.
Ce jour là, où dans le Bosquet, l'instructeur n'avait pas soupçonné qu'il n'avait pas eu un, mais deux élèves dont l'un était beaucoup plus doué que l'autre.

- Respires....

Alors il respire comme il a appris à le faire.
Fermant les yeux, il n'écoute que son souffle et se laisse immerger....
Il fait le vide et ne se concentre plus que sur les battements de son coeur..

- Vis le souffle... Deviens le battement... disait le maître.

et comme chaque fois, depuis ce jour là, la magie opère !

La lumière....
La lumière douce et chaude naît exactement au centre de lui même, emplissant tout son être, rayonnant de plus en plus loin, jusqu'aux limites de son corps... Jusqu'à son âme... généreuse, stable, elle rétablit le monde.
Sa respiration se fait plus lente, son coeur s'apaise et caché, presqu'invisible de nouveau comme bien des fois, il ouvre les yeux et voit.

L'Effervescence... Les énergies présentes en ce lieu... presque palpables...
Des voix, des rires..
Chacun s'active.
Des guerriers vérifiant leurs armures, d'autres réparant les brèches occasionnées par leur dernier combat ...
Des Druides qui soignent ici et là les blessures encore fraîches...
Des magiciens discutant de puissance et de sorts... et encore là, les Bardes, les bardes si rapides, si fluides comme portés par le vent et qui accordent leurs instruments...
et toujours majestueuses de silence, dans leur parfaite immobilité meurtrière et glacée, les Ombres...

Zak regarde et voit...
Il voit et entend les ordres donnés, les groupes qui se forment....
la tension incarnée.... cette fiévreuse anticipation qu'il lit leurs visages, de vaincre pour certains et de tuer pour d'autres.

Tout n'est que mouvement, bruits et bousculades désordonnées et pourtant...
Est-ce parce qu'il est cet observateur extérieur ? Il sent....
Il sent alors combien tous ces mouvements n'en forment qu'Un.
Une unique harmonie, une unique énergie, colossale et puissante dirigée vers une seule et même clarté.
Il voit les sourires et les regards sereins, la puissante camaraderie, les accolades et les rires de joie...
Tous ensembles sur le même chemin, une seule et même force, un seul et même coeur, un même destin.

Et là, Zak émerveillé, se laisse aller à espérer ... Un jour oui, lui aussi fera parti de ce Tout, cette Energie, cette Vie....

Pourtant le jour a finit sa course et c'est sous l’œil froid de la lune qu'il les voit partir un à un, parfois par groupe, parfois seuls.... et son coeur les accompagne d'un muet encouragement, espérant qu'il reviendront tous vivants.
Mais bientôt, le silence résonne dans cette place désormais presque vide, le laissant seul.
Epuisé alors, toute chaleur, toute énergie ayant été comme absorbée hors de son corps, le mur froid et dur n'étant plus que pierre dans son dos, il flotte un instant dans cette irréalité qui est désormais sa réalité.
Il est dehors.
Il est sortit.
Quelques mots qui résonnent en lui non comme un espoir lumineux, mais soudainement comme un vide... une perte infinie.
Car déja se profile l'ombre menaçante qu'elle engendre, une seule et unique question : et maintenant ?

A-t-il le droit de pleurer sur ce qu'il voulait quitter ?
A-t-il le droit d'avoir peur face à ce qu'il a choisit de chercher ?
Il ne sait plus, il n'y a plus que le froid, la faim, qu'il ne connaît que trop bien, aussi, contre toute attente et malgré le lieu, il se laisse glisser dans le bienheureux oubli du sommeil et de la nuit.


L'enfant pleure dans son sommeil.
Il semble si misérable, petit animal enroulé sur lui même en quête de la moindre chaleur.
L'enfant perdu pleure dans son sommeil.
Il semble si fragile, si vulnérable alors.....
S'il y avait quelqu'un d'autre pour voir cet enfant, cette personne ne pourrait retenir un élan de compassion.
Si quelqu'un d'autre pouvait le voir, il ne pourrait retenir ses bras de l'entourer, ses mots de le rassurer.
Si quelqu'un d'autre pouvait.... Il ne pourrait empêcher son coeur de se lier pour le protéger à jamais...

Peut-être alors l’histoire serait autre...

Si quelqu'un d'autre pouvait le voir....

Mais il n'y a que moi, pense le Gardien au moment de couper le lien qui lui a permis de suivre et observer Zak depuis longtemps déjà.

Il n'y a que moi qui n'ai ni amour, ni compassion à lui offrir.
Dernière édition par Clair de lune le Sam 20 Mars 2004, 3:03, édité 1 fois.
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Clair de lune
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Messagepar Clair de lune » Mar 09 Mars 2004, 1:51

Et le jour succéda à la nuit et le bruit revînt. Zak ouvre les yeux. La faim lui tord l’estomac. Il reste un moment à contempler la bâtisse, les murs en sont épais et d’une hauteur vertigineuse. Il y a tant de monde…Soudainement, il voit une femme poursuivie par un énorme lynx. Il recule hâtivement en lançant un « prenez garde » échos de sa propre peur. La femme s’arrête un instant et le regarde étonnée. Le lynx s’arrête à sa hauteur et elle lui gratouille le crâne. La bête ronronne alors de plaisir. Elle lance un petit sourire moqueur à Zak et reprend sa route.
Zak veux la suivre, avec elle il sera en sécurité. Ils ont l’air si puissants, le femme et l’animal. Il ignore encore que la plupart ne reviendront pas. Il ignore que seul la volonté divine et une puissante magie permettra à ces combattants de fouler de nouveau le monde des vivants. Il y a tant de choses qu’il ignore. Lorsqu’une musique s’élève, le groupe de la femme au lynx se met à avancer beaucoup plus vite. Leur vitesse augmente progressivement jusqu’à atteindre un niveau affolant. Zak est laissé sur place, il lui est impossible de courir aussi vite. Pour la première fois, il se retrouve seul.

Il panique et des larmes lui brûlent les yeux, il va mourir, c’est sûr, jamais il n’aurait dut quitter Tir Na Nog. Et pourtant il a déjà vu tant de merveilles… Il se ressaisi et décide de confier sa vie au destin. Il part devant, sans savoir où il va. Prudemment, il évite toutes créatures vivantes. Au loin, il aperçoit une place forte battie sur une hauteur. Un promontoire assez haut pour que l’on puisse voir de loin. Zak reste à l’ombre des bois, il est trop loin pour voir les bannières et trop près pour se sentir hors de danger. Il hésite, se demande s'il doit s’approcher où s’éloigner. Il se voit déjà enfermé et torturé dans une des ces sinistres tours. Il reprends sa route. Il marche longuement et le soleil décline de nouveau. La faim est atroce, il n’a rien avalé depuis des jours et pour la première fois, il se fait reproche d’être si misérable, son sac est aussi vide que son estomac et il est bien en peine de trouver de la nourriture. Il songe à cueillir des fruits, encore faut il en trouver et savoir lesquels choisir. La nuit va bientôt tomber et il va faire noir.. Trop noir pour pouvoir trouver des fruits, trop noir pour trouver de quoi manger. Il renonce donc à son repas, fut-il frugal, il n’a rien, il faut bien accepter les choses telle qu’elles sont. Il décide de marcher encore un peu et d’attendre que le voile nocturne le cache pour dormir. Il est épuisé, il le sait, mais aussi frêle qu’il soit, sa volonté est trop forte pour qu’il se laisse allez sur les chemins du doute.
Le silence règne, pourtant, Zak sent le danger. Quelque chose à l’intérieur de lui même le met en garde. Mais il est déjà trop tard, ses sens ont beau être affûtés, ils ne sont pas renforcés par la magie. Un groupe fonce sur lui. Il prie pour que ce ne soit pas des ennemis. Quels ennemis d’ailleurs, il n’en a aucun. Il ne connaît personne, pourquoi lui en voudrait on ??? Mais Zak sait que les hommes sont bien plus mauvais que les bêtes. Ils ne tuent pas par instinct où pour se défendre, mais par plaisir, par méchanceté ou pire… pour rien. Zak n’a plus le choix, ils l’ont vu, ils viennent sur lui. Il doit faire face. Résigné, il se tient droit, maîtrise sa peur et les attend fièrement comme quelqu’un qui n’a rien à redouter.

Bercan rit en voyant la petite chose en face de lui, un gamin, les hiberniens envoient leurs enfants pour repérer les patrouilles ennemis. Ils les prennent pas trop gras, légers et rapides. Ce n’est pas si bête en fin de compte. Ils doivent penser que la guerre ne justifie pas que l’on tue un enfant et ils les envoient en avant pour faire le repérage. Mais la guerre n’est pas un champs de pitié,. Nombres de ses frères sontt morts, sans parler des atrocités commises dans les zones frontalières, des villages rasés, des vies fauchées comme la foudre déchire un arbre. Il n’y a plus de pitié dans son cœur, il est un guerrier, un highlander ; il repense à sa terre…
Ses hommes le regardent et attendent, Kugan le mage pose sur lui un regard lourd. Bercan ne l’aime pas, il le redoute. Mais Kugan leurs a mainte fois sauvé la vie, sa magie est puissante, très puissante. Il est au sommet de son art. Et Bercan n’est pas assez sot pour mépriser la magie, elle fait partie du monde, il le sait. L’enfant ne bouge pas, il se tient droit, presque un air de défi. Il ne dit rien, il ne montre pas sa peur, il deviendra un grand guerrier c’est sûr. L’enfant les a vu, il doit mourir, Bercan ne connaît pas d’autre moyen de le faire taire. De toute façon, c’est un chien hibernien, sa carcasse pourrira à l’ombre du sous bois.

Zak comprit qu’il était perdu, il ne comprend rien à ce que disent les hommes en face de lui. Ils se moquent, c’est sûr, il est la cause de leur hilarité. Il ne comprend pas pourquoi… Personne ne s’était jamais moqué de lui, personne. La colère remplace la peur et son courage, trop longtemps étouffé s’installe. Il les regarde tous, un par un. Il veut que ses yeux se souviennent de qui aura pris sa vie, il veut se rappeler quand il sera dans l’au-delà le visage de ceux qui ont osés. Il y a celui qui était leur chef. Un homme de haute stature, un guerrier armée d’une grande épée. Sa figure est peinte de bleu, il porte une tenue étrange par dessus son armure, ca ressemble à une toge, ou une robe… Curieuse façon, mais pourquoi pas. Il y a un autre homme en robe, un mage, ca ne fait aucun doute. Il a l’air cruel, cruel et glacial. Il les dévisage tous, l’un après l’autre. Ils sont huit, il est seul. Ils sont forts, entraînés, près à tuer. Il est seul, sans arme, il n’a jamais osé faire de mal à qui que se soit. Il ne sait pas pourquoi il va mourir, c’est cela la guerre, il l'a compris.

Bercan s’avance et lève son arme pour tuer. Zak ne bouge pas et regarde la mort en face, elle a le visage d’un homme. Le temps s’arrête, il ne remonte dans la mémoire de Zak que les cheveux d’ors et le parfum de Kyrkea, la dame de guerre à l’armure rouge. C’est là ses meilleurs souvenirs. Il attend le froid de l’éternel hiver, les yeux grands ouverts.


Lorelei est en colère!
Elle s'est encore fait avoir !
Il a suffit qu'il prenne son air penaud et son sourire charmant et comme toujours, elle n'a pas pu résister. Elle a dit oui!
Et la voilà, les bras chargés de plateaux, dans la taverne bondée, à servir chopes d'Hydromel sur chopes d'Hydromel, au lieu d'être en train de se préparer pour le bal du Solstice !
Bien sûr le bal va durer trois jours, mais elle sait aussi, pour connaître ses amies, qu'il n'y aura plus rien à se mettre sous la dent si elle n'est pas là dès le premier soir !
Tous les beaux partis auront déjà reservé toutes leurs dances aux jolies filles, moins cruches, qui auront été assez malignes pour ne pas travailler le jour du bal !!
Elle grimace repensant au joli ruban moiré que son père lui a offert il y a 10 jours, pour ses 15 ans et qu'elle réservait à cette occasion...

La taverne résonne des rires gras des clients et c'est un tel brouhaha qu'elle a du mal à prendre les commandes, ce qui n'arrange rien à son humeur.... De toute façon, ils veulent tous la même chose : L'Hydromel de la Mère Sybil qui est la spécialité du patron....
Tous à boire et à rire quand ils ne sont pas en train d'essayer de lui pincer les fesses !!!
Elle enrage ! Hurghan devait le savoir !
Ils fêtent tous quelque chose c'est évident avec leurs : 'On les a renvoyé dans les jupons de leurs mères' par ci et leurs 'On les a pilonnés' par là !
Il devait savoir qu'il y aurait autant de monde lorsqu'il l'a suppliée hier soir de revenir aujourd'hui, alors qu'il lui avait promis son jour de repos pour le Solstice !!!
"Loriiiii ma chériiiiiiie, j'ai besoin de toi tu sais ! C'est toi la meilleure et je n'arrive à rien petit coeur quand tu n'es pas là..."
Rhhha aussi gourde qu'une poule sans plumes voilà ce qu'elle est !!!! C'est sa mère qui avait raison !

Lorelei est très en colère et elle en est là de ses ruminations furieuses lorsque la porte s'ouvre sur un nouveau client et que son esprit se glace.
Sa seule pensée est alors, qu'elle n'aura même pas eu le temps de perdre sa virginité si précieuse aux yeux de sa mère, dans les bras puissants du beau Hurghan, car elle sera morte dans une minute !
Pétrifiée, elle laisse échapper son plateau en appercevant ce qui se tient dans l'entrée, et qu'un hurlement vient se coincer dans sa gorge.
Gigantesque! Emplissant tout l'espace, la pointe de ses ailes venant racler les poutres du plafond.... C'est obligé de se baisser... Oh Grande Mère ! Ecumant, tout en griffes et avec Oh Grande Mère ayez pitié! des milliers de petites têtes hurlantes grouillant à même sa peau sanglante...
Une seule et unique pensée parvient alors à percer son gel mental : Elle va mourir! Ils vont tous mourir!

Le fracas assourdissant du verre qui éclate en mille morceaux sur le sol et la marée de rires et d'exclamations moqueuses qui s'empare de toute la salle, la secoue et la ramène brutalement à elle.
Et, lorsqu'elle regarde à nouveau, sa stupeur est totale, de voir qu'il n'y a rien dans l'entrée !
Rien du tout !
Juste un client..... Un celte qui semble chercher quelqu'un des yeux et qui se déplace comme s'il était géné par des vêtements trop petits pour lui.
- Mais..... Commence-t-elle puis "Oooooooohnoooooonnnn!!" quand elle réalise l'ampleur des dégats et ramasse frénétiquement les bouts de verres éparpillés.
Peut-on être renvoyée lorsqu'on travaille un jour de repos ?!!!

Immobile dans l'entrée, Amrod tente avec peine de se contenir alors que le bouquet subtil et entêtant de tous ces hiberniens réunis flottent et vient aiguiser un peu plus tous ses sens affamés. Ca suinte de tous les pores de leur peau et empli l'espace, douloureusement appétissant.
La sueur d'abord, mélée au sang qui sèche sur leurs armures.... Les rires joyeux qui éclatent lorsque cette stupide servante laisse tomber ses plateaux sont comme des milliers de petites aiguilles de tourment délicieux transperçant sa peau de toute part... Mais pire encore est ce qu'il percoit en dessous, nectar fugace : concupiscence et envie, jalousie et haine.... et qui renforce un peu plus encore sa faim dévorante.
Il lui faut alors tout son contrôle démoniaque pour ne pas se jetter sur eux et dévorer leurs âmes si délicieusement faibles et sucrées...
Mais il aperçoit Elrohir dans le fond de la taverne et c'est presque soulagé qu'il se hate d'aller le rejoindre dans l'obscurité bienvenue et rassurante du fond de la salle, où les effluves seront sans doute moins condensées.

- Pourquoi m'as-tu fait venir ici ! grogne-t-il en s'asseyant maladroitement en face du grand Firblog.
En plein milieu de ceux là !!! En plus, ce corps est trop petit pour moi, j'ai toujours peur qu'il ne craque, et je n'arrive pas à marcher avec !

- Il fallait en choisir un plus grand, reprend son compagnon avec un rire froid.
Les Firbolgs sont bien plus confortables tu le sais bien, mais je suppose que tu t'es abstenu de réflechir une fois encore !

Amrod se renfrogne un peu plus devant la critique, mais écoute néammoins la suite.

- De plus, chaque mur, en bas, a des oreilles tu le sais très bien. Père serait avertit immédiatement.
Je devais trouver un endroit totalement sûr et quelle meilleure cachette qu'en plein milieu de ces humains si stupides ?!
En plein sous leurs nez et leurs yeux aveugles, dans leur propres rangs .... rajoute Elrohir amusé.
- Mais j'ai faim!
- Et bien retiens-toi, cet endroit doit rester secret et on aurait vite fait, en bas, de deviner qui serait l'auteur du festin que tu espères!

Amrod incline alors légèrement la tête en signe de soumission. Son frère est l'ainé, le plus intelligent, il n'a jamais eu la stupidité de l'ignorer, peut-être même est-ce la raison pour laquelle il est encore en vie lui, contrairement à tous ces autres frères et soeurs de portée.
Elrohir hoche imperceptiblement la tête, signe qu'il accepte les excuses muettes de son frère et c'est d'un ton presqu'enjoué qu'il reprend

- Bien! Maintenant dis moi.
Et Amrod soudain concentré et oublieu de sa faim, commence son rapport :

- Le Gardien a fait son choix, c'est une certitude maintenant.
Il est vulnérable et si nous devons agir, ce sera très bientôt. Amshira est affirmative sur ce point.
- Qu'a-t-elle vu d'autre ?
- Pour entrer nous allons avoir besoin de la clef, mais elle est devenue inquiète, presque confuse sur ce point.
Il semblerait que la clef ne soit plus à sa place. Elle a disparue soudainement, alors j'ai prévenu nos amis d'ouvrir l'oeil. Nous devons la récupérer intacte, c'est primordial dit Amshira, si elle est abimée, le rituel ne fonctionnera pas.
-Mmhm je vois. Petite complication de dernière minute.... Parfais, la victoire n'en sera que plus délicieuse.... Tu as le parchemin ?
- Oui.
-Bien. Retourne en bas alors et cache le bien. Je te retrouve plus tard. Nous ne devons pas réapparaître en même temps.
En attendant je vais profiter encore quelques heures de l'hospitalité de nos amis hiberniens dit-il en souriant.

Et tout en regagnant difficilement la sortie, Amrod espère soudainement ne jamais être l'objet de ce sourire là.


Zak les yeux ouverts face à son sort, attend le premier coup qui ne vient pas.
Et il met quelques secondes pour réaliser qu'il se passe quelque chose de tout à fait extraordinaire.
Bien sûr, de la magie, il en a déja vu. Et même si son coeur le portait plus souvent à écouter tapi dans l'ombre, les enseignements du Maître Druide, il a assisté plus d'une fois aux exercices des apprentis magiciens.
Il a vu leurs sorts et leur puissance. Il connait également ce que cet étrange mélange peut faire à leur âme et combien certains élèves devenaient différents à mesure qu'ils commençaient à maîtriser leur art.
Il a assisté plus d'une fois à la naissance, de cette flamme dure et froide brûlant dans leurs yeux.

Mais, là, c'est différent !

L'épée qui devait lui trancher la gorge est tout aussi figée que son propriétaire en face de lui et d'ailleurs le groupe des huit hommes est également immobile comme leur chef.
Plus un souffle ne soulève leurs poitrines, plus rien ne brille dans leurs yeux, aucun éclat, aucun bruit ne s'échappe d'eux.
L'air lui même semble figé.
Chaque brin d'herbe, chaque feuille d'arbre, chaque insecte s'est comme arrêté dans sa course...
Et pourtant, Zak lui, regarde, respire, bouge. Rien n'entrave ses mouvements....
Comment ? ou devrait-il se demander Qui ?

"Il me semble que tu peux encore bouger toi !" dit alors une voix calme tout près de lui, le faisant bondir comme un lapin pris au piège,
"Peut-être alors pourrions-nous y aller, qu'en penses-tu ?"

L'homme qui parle et se tient à ses côtés, tend alors, dans un geste fluide et serein, une main vers Zak.
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Clair de lune
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Messagepar Clair de lune » Mer 24 Mars 2004, 15:52

Elrohir sentit la puissance de la magie. Une magie intense et écœurante. Un flux bien trop fort pour ces peuples décadents. Il en devina l’origine, il devrait faire vite. Sans doute arriverait il trop tard, mais il devait essayer. Il s’enfouit dans la noirceur de son âme et y puisa l’énergie nécessaire. Armé de sa volonté démoniaque il la projette à travers l’espace et le temps. La bulle qui entoure le gardien se dissipe. Elrohir sourit, il doit se hâter avant que sa cible ne s’échappe.



Comme dans un cauchemar, Zak voit le guerrier reprendre le geste qu’il avait suspendu. Il est encore trop proche, l’épée va l’atteindre.

- « Arrête Bercan du clan des loups bleus, cet acte est indigne des tiens, indigne des tes ancêtres. En toi coule le sang de Brewn Mc Connors le loup bleu, celui qui vainquit le horde. Ne souilles pas se sang par le meurtre d’un enfant sans défense. C’est un affront à la mémoire du grand guerrier qu’il fût »

Bercan interrompt son geste et tourne la tête vers le nouveau venu. Jamais par le passé son groupe n’avait été surpris. Il jette un regard sombre et lourd de reproche vers celui du groupe qui porte un arc. Kugan recula devant le vieil homme, pauvre sot, car ce n’est que cela …un vieil homme. Qui peut-il bien être, comment sait-il tant de choses sur celui qui a fondé son clan… Brewn est mort depuis des centaines d’années, son nom est pourtant craint et respecté, même par les plus fougueux. Bercan ne supporte pas que l’on se dresse contre lui, il aurait dut frapper et se retourner ensuite, il a fait preuve de faiblesse, cela ne doit pas se reproduire, il est le chef.

- « Etrange soirée que celle ci en vérité, un enfant, un vieillard. Etrange … Peu m’importe qui tu es vieil homme, il te faudra mourir aussi. Saches néanmoins que tu as fait une chose grave, tu as redonné l’espoir au gamin alors que sa destinée s’achevait ici. Regardes le maintenant, il pense sans doute que tu vas le sauver, que tes paroles de miel suffiront. Tout cela n’a aucun sens et même si il n’y a aucune gloire a prendre vos deux vies, je vous tuerais. Lui pour ce qu’il est et toi pour l’offense que tu m’as faite en évoquant mon glorieux aïeul.
- Tu devrais pourtant écouter mes paroles qui sont sages car je te prédis que tu ne me tueras pas et que l’enfant vivra encore de nombreuses années, bien longtemps après que ton corps soit retourné à la poussière. As tu oublié les doctrines de dieu ??? Ta soif de sang aveugle-t-elle ton jugement ??? ne préjuge pas de ta propre force sans connaître celle de celui qui se trouve en face de toi.
- Ne me défies pas !!! Je n’ai pas besoin de tes mises en garde et je te tuerais, j’en fais le serment devant dieu, devant le loup bleu.
- Le sang de ton ancêtre est part trop dilué, tu ne sera jamais qu’un pale reflet de ce qu’il aura été.
- Qui es-tu donc vieil homme pour parler de lui comme si tu le connaissais ??? Tu n’es qu’un arbre sec, prêt à craquer, par dieu! ! tu es aussi celui qui m’aura le plus provoqué.
- Je parle de lui parce qu’il fût mon ami. Même si tu le refuses tu sais que ce n’est que la vérité. Ecoutes tes craintes, écoutes ce qui résonne en toi.

Bercan est ivre de colère, il est trop tard, trop tard pour reculer, il doit tuer. Kugan a reculé à bonne distance, il est prêt, il veux savoir ce qui pourtant est évident. Il veux savoir si son pouvoir surpassera celui du vieil homme. Il sent une force nouvelle affluer en lui. Il sait que Bercan va mourir. Il attend…
Bercan charge le vieil homme et l’enfant, l’idée lui vient qu’il pourrait n’avoir qu’un seul coup a porter.

Sa longue épée est stoppée net en pleine volée.
L’arme qui s’est interposée est celle du vieil homme. Son aura de magie est éclatante. Sa lame aux reflets multiples brille d’une feu hardent, sa garde est finement ouvragée. Il n’en existe aucune comme celle-ci dans les trois royaumes, elle n’a pas été forgée par une main humaine. Elle a une volonté propre et son nom oublié depuis longtemps suffisait en son temps à faire trembler les plus braves.
Elle est Arshell, l’épée des éléments. Elle contient la colère du monde primaire, il n’en est aucune comme elle, aucune qui la surpasse. C’est l’arme du gardien, personne ne peux la manier sans qu’elle ne soit d’accord, elle est douée de vie et de pensées. De toutes les armes qui ont traversées le temps, elle est la plus puissante. Bercan frappe de nouveau, le vieil homme pare avec aisance. Bercan frappe encore plus fort, encore plus vite, le vieil homme se résigne. Après avoir détourné la lourde lame, il riposte.
Ainsi meurt Bercan Mc Connors du clan des loups bleus. Les autres hommes se jettent sur le vieillard, Kugan attend toujours.
La colère des quatre gronde de nouveau accompagnée de son chant macabre. Arshell siffle portée par un bras aguerri. Elle détourne le trait mortel d’une flèche, se glisse selon des angles improbables à travers les barrières d’aciers qui protègent les corps. Elle perce les armures. Les corps sans vie tombent sourdement. Le silence revient. Kugan attend.

- « Ne me force pas à te tuer Kugan même si tu le mérites très largement, je n’ai pas volonté de le faire. Epargnes ta vie car si tu me défies, je ne t’épargnerais pas. Et de tout ceux qui seront tombés ici, tu seras celui qui recevra son juste châtiment. Ton cœur est rongé par le mal et la soif de pouvoir, ton esprit ne retournera pas à la pierre sacrée, tu iras aux pays des âmes tourmentées, c’est là bas que se trouve ta place. »

L’énorme boule de feu siffle et illumine la nuit. Au moins, si je rate le vieux, le gamin périra se dit Kugan. Elle percute Arshell et disparaît. Elle retourna vers sa source, au cœur du grand brasier.

- « Tu as choisi ton chemin mage obscure ».

Le vieil homme pointe la lame d’Arshell en direction de Kugan. Celle ci souffle des cristaux de glace en direction du mage. Le bouclier magique de Kugan brille un très bref instant et éclate. Son corps est transpercé de mille dards de glace, il s’effondre.

Zak ne dit plus rien depuis un moment, au début il avait pensé que le vieux bonhomme voulait l’aider mais qu’il allait aussi se faire tuer. Il le regarde, cherche l’épée fabuleuse. Elle a disparue. Il a du mal à croire ce qui s’est déroulé sous ses yeux. Tout a été si rapide lorsque le combat a commencé… Ca n’a pas duré plus de quelques secondes. Zak ne sait que penser… Une seule question assourdit son crâne, qui est le vieil homme…


Ils se regardent un moment, se jaugeant l’un et l’autre comme le font deux personnes qui se découvre. L’un sait, l’autre ignore, le passé rencontre le futur. Cet homme est vieux pense Zak, très vieux, pourtant il n’en a pas l’air. Il est jeune, si jeune pense Arkonis et pourtant…

- « Tu as pris de gros risques pour me sauver, tu aurais pu mourir. »

Zak sait que ce qu’il vient de dire est stupide, mais il a parlé sans réfléchir, en regardant l’image du corps amoindri qu’il avait en face de lui.

- « Je te remercie, je … ne… je peux pas faire plus hélas que de t’offrir ma gratitude. Je n’ai rien à te donner pour te remercier comme il se devrait, je suis confus. »

Zak sait qu’il est affamé, perdu au milieu de nul part, en grand danger de mort et pourtant, il tache de rester digne.

- « Je voudrais bien t’aider à rentrer chez toi si tu en ressens le besoin, encore que je crains que cela ne soit pas très utile. Es-tu… un magicien ? ? ? »

Le vieil homme l’observe toujours.

- « Pas dans le sens où tu l’entends, mais probablement oui, je suis un magicien.
- Mais tu utilises une épée ! ! ! Les mages ne manient pas l’épée. »

Arkonis sourit doucement.

- « Alors il se pourrait aussi que je sois aussi un guerrier, enfin un combattant.
- Mais ! ! ! C’est impossible ! ! ! Les mages répugnent les exercices physiques et les guerriers préfèrent combattre qu’étudier ! ! !
- Oui, tu as sans doute raison, disons alors que je suis un… Je ne connais pas de nom pour ce que je suis, du moins je n’en connais qu’un, je suis le Gardien.
- Le gardien… Oui… le gardien si vous voulez. Que veniez vous faire ici ? ? ?
- Je suis venu te chercher.
- Moi ? ? ? Mais pourquoi ? ? ?
- Pour faire de toi le Gardien. »

Zak se demande un instant si l’homme est sérieux. Il cherche la réponse sur son visage. Il n’y trouve aucune malice. Quelle histoire farfelue… Une homme surgissant de nul part vient le chercher pour faire de lui un mage et un guerrier, la combinaison la plus improbable. Et pourquoi lui, il y a tant d’autres personnes bien plus capables que lui.
Et puis gardien, c’est quoi ? ? ?
Pendant que Zak est tout à sa réflexion, le gardien marque sur le front des albionais la marque du retour, leur corps disparaissent. Ils retournent à la pierre sacrée. Sur le front de Kugan, il marque un symbole différent, Zak le regarda, il ressemble à cela : Quatre symboles dans quatre cercles, reliés entre eux, eux même entourés d’un cercle. Le corps de Kugan disparaît à son tour. Zak n’aurait pu expliquer pourquoi, mais il se doute qu’il n’a pas rejoint les autres albionnais.



Il faut se hâter, pense-t-elle alors que les murs, en échos, lui renvoient le bruit de sa respiration saccadée et que les dalles glacées et rugueuses blessent ses pieds nus.
Il faut se hâter !!
La Chose hurlante qui la poursuit dans ce tunnel noir et humide ne s'arrêtera pas elle !
Elle ne sera pas gênée elle, par les écorchures de ses pieds !
Elle est en marche. Elle se rapproche.
Elle peut même sentir et entendre son aura de feu ... L'aura de feu de Celle qui dévore tout.
La Dévoreuse est en marche et rien ne l'arrêtera plus désormais.

Alors, elle courre. Elle courre pour sauver sa vie et celle de tous les autres. Oublieuse des souffrances de son corps, de sa robe qui par endroits, prend déjà feu.
Oublieuse des cheveux sur sa nuque qui se consument en grésillant.
Et elle continue de courir encore, alors que sur sa peau blanche et délicate se forment les cloques et que la souffrance de sa chair noircie devient intolérable....

Se hâter ! pense-t-elle toujours, alors que l'air devient suffocant et que le sol commence à rougeoyer et fondre sous ses pieds.
Se hâter ! encore, alors qu'elle trébuche et tombe sur un sol qui n'est plus que magma dévorant chair et os...

Se hâter.....

Alors que Lorelei, dans la chambre qu'elle partage avec ses six frères et soeurs et Zak dans la sienne qui se trouve dans un ailleurs ignoré de tous, gémissent dans leur sommeil hanté de flammes et de feu, Brigit elle, aux prises avec le même cauchemar, ouvre soudainement les yeux dans la pénombre de sa chambre Royale de Tir Na Nog.
La nuit est calme et douce, rythmée des habituels bruits du château en cette heure proche de l'aube, litanie rassurante et familière. Pourtant, la Reine, les yeux écarquillés dans le noir, halète comme si elle suffoquait, son cœur et son âme emplis de terreur alors qu'elle peut encore sentir l'odeur écœurante de sa chair brûlée.

Quelques minutes s’égrènent, seules témoins de la force mentale de la Reine pour reprendre le contrôle d'elle même.
Enfin, c'est avec des gestes calmes et délicats, empreints de sa grâce légendaire qu'elle se lève. Rien dans son port ou ses mouvements ne trahissent plus l'urgence et l'angoisse profonde qu'elle vit et, dans le noir qui ne la gène nullement, elle pose une robe de chambre sur ses épaules avant de se diriger d'un pas résolu vers une tapisserie derrière laquelle se trouve une porte dérobée.
Il n'y a personne pour la voir dans l'escalier secret qu'elle empreinte alors qu'elle entame sa descente... Personne... Aussi, pourrait-elle se hâter désormais, comme le lui impose le cri muet qui résonne encore dans son esprit. Pourtant elle raffermit un peu plus encore son contrôle d'elle même et c'est d'un pas délibérément calme que silencieuse mais déterminée elle descend les marches secrètes jusqu'à une petite pièce qu'elle seule connaît.

C'est une petite pièce tout en tapis qui accueille ses pieds nus. Un petit feu, qu'elle a elle même allumé la veille, finit de se consumer dans l'âtre, éclairant de ses flammes mourantes un unique bureau où sont rangés méthodiquement cartes et parchemins, et un unique fauteuil, large et confortable, dans lequel elle a pris bien des décisions importantes.
Une pièce chaude et douillette, sa pièce à elle, et qui surprendrait bien de ces détracteurs qui ne voient en elle que sa froideur apparente ou sa politesse glacée.
Mais en cet instant, la Reine ne sent ni la caresse des tapis sous ses pieds, ni la chaleur rassurante du feu mourant. Elle continue de ce même mouvement gracieux et déterminé qui l'a mené ici, jusqu'au mur du fond où, d'une petite cache, elle retire lentement un petit coffret qu'elle pose délicatement sur son bureau.
Elle murmure alors quelques mots connus d'elle seule et un cliquetis se fait entendre, déverrouillant la boite.

Les minutes passent à nouveau.
Elle doit regarder, elle le sait, ce rêve terrifiant l'exige.
Elle doit regarder mais elle sait aussi que ce qu'elle va voir alors sonnera comme une sentence.
Pourtant elle se doit de vérifier.
Alors, lentement, très lentement, Brigit ouvre le coffret.


L'enfant dort enfin.
Son sommeil est agité et il lui serait facile, pense Arkonis de partager son rêve, comme il a suivit et partagé sa vie, lui, qui l'a observé depuis sa naissance.
Pourtant, debout, silencieux dans l'encadrement de la porte, le Gardien regarde Zak, non plus avec sa vision magique de Gardien, mais avec ses vrais yeux d'homme
et il voit alors....
Un enfant.
Il lui a semblé si jeune lorsqu'il a enfin posé sa main dans la sienne tendue, pour être amené ici.
Une si petite main....
Si jeune et désemparé, malgré son courage affiché lorsqu'il a écouté ce discours préparé et qui a soudain sonné creux même à ses propres oreilles.
Si jeune et confiant lorsqu'il l'a envoyé se coucher, remettant à demain questions et explications
Lui le Gardien... désemparé à son tour et pour la première fois devant les yeux avides de cet enfant... Non, il n'avait pas prévu cela.
Un enfant et non plus qu'une simple image dans son esprit. Un enfant de chair et de sang. Un enfant de chair et d'émotions.

Arkonis immobile fronce les sourcils dans le noir
Un enfant qui en viendra à le détester lui, pour la charge qu'il doit lui transmettre et la formation qu'il va devoir subir.
Un enfant qu'il a condamné lui même lorsqu'il a fait le choix de déposer sa charge.
Condamné au plus beau cadeau qui soit... Puissance, pouvoir et merveilles, mais aussi à la plus extrême des solitudes.

Et soudainement, alors que la pénombre fait place à l'aube pâle et qu'il regarde Zak dormir et gémir doucement, le Gardien réalise, lui qui est en dehors de la vie depuis des milliers d'années, lui qui est la Vie depuis tout ce temps, ce qu'il n'avait pas prévu au moment du Choix et qu'il comprend maintenant.
Ici, alors qu'il regarde Zak, il réalise ce que son choix va lui coûter, va leurs coûter.
Et pour la première fois, Arkonis en son cœur d'homme vieux de milliers d'années se demande si ce prix n'est pas trop élevé.
Pour la première fois, alors qu'il voit cet enfant qu'il aimerait prendre dans ses bras, il s'interroge dans un murmure

- Nishra, qu'ai-je fait ?


Brigit tend sa main délicate pour saisir l'objet qui se trouve à l'intérieur.
C'est une petite sphère translucide et parfaitement conservée. Son aura éclatante irradie et éclaire la pièce entière chassant ombres et ténèbres à mesure qu'elle la soulève. Seuls des yeux d'Elfes peuvent contempler ce qui se trouve par delà cette radiance, seuls des yeux d'Elfes peuvent contempler ce qui se trouve à l'intérieur.
C'est pour cela qu'il a été confié à son peuple il y a des centaines d'années et qu'ils en sont les gardiens.
Idril. L'Arbre.
Un arbre. Un arbre magnifique et vivant au tronc puissant et aux ramifications qui s'étendent par milliers. Un arbre dont les feuilles bruissent au rythme d'un vent absent.
Idril l'Ame d'Hibernia.
Mais, alors qu'elle s'était préparée, la Reine ne peut retenir cette fois, un cri étranglé.
Dans la sphère, L'Arbre perd ses feuilles par milliers !
Hibernia toute entière est en danger.
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Clair de lune
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Messagepar Clair de lune » Mer 31 Mars 2004, 14:52

Avec l’aube, l’enfant se réveille. Son sommeil a été agité, il se demande où est la frontière entre la réalité et le rêve. Il ouvre les yeux et voit le gardien, alors il sait.

« Pourquoi voulaient ils me tuer ? ? ? » demande-t- il.
- Parce que leur raison a succombée à leur propre peur.
- Je… Je ne comprend pas …
- Parce que tu n’es pas un des leurs et qu’ils craignent ce que tu représentes.
- Mais je ne voulais pas leur faire de mal, comment aurais je pu de toute façon ? ? ?
- Ce n’est pas de toi dont ils ont peur, mais de toutes les batailles avec les hiberniens qui sonnent en échos dans leur crânes vides. Ils en ont oublié qu’ils sont des hommes.
- Et… le mage ? ? ?
- Lui voulait te voir mourir et se réjouir de tes hurlements, il était… mauvais.
- Comment sais tu tout cela ? ?
- Je l’ai lu dans leur cœur et je connais leur histoire.
- Et moi… Sais tu qui je suis ? ? ?
- Oui, je le sais.

Zak ne sait quoi dire… Cet homme semble avoir tout les pouvoirs il lui vient un doute… Un doute affreux et d’un coup, il se sent misérable.

« Es-tu … un dieu ? ? ? »

Arkonis ne peut masquer son sourire devant tant d’innocence.

- " Hoo non, je ne suis pas un dieu, personne ne croit en moi, c’est cela qui fait d’un dieu… un dieu.
- Pourtant tu sembles si puissant… J’ai cru que...
- Oui, je suis puissant, ma force de destruction est grande, c’est cela pour toi être puissant n’est ce pas ? ? ?
- Heuu oui c’est pouvoir vaincre ses ennemis, sauver des gens, faire des miracles ! ! !
- Des miracles dis tu ? ? ? Ne crois pas que cela soit le privilège des puissants ou des dieux. Un miracle n’est rien d’autre que la réalisation de quelque chose que l’on croyait impossible. C’est nos propres limites qui font d’un acte quelque chose de banal ou de miraculeux. Mais nous parlerons de cela aussi, je t’expliquerai ce que je sais et tu verras que moi non plus, je ne sais pas tout.
- Où sommes nous nous ? ? ?
- Au sanctuaire, là où je demeure.
- Vous avez un nom ?
- On m’en a donné de nombreux, dans différentes langues et dans différents peuples. Celui de ma naissance est Arkonis.
- Arkonis… Combien y a-t-il de gardiens ? ? ?
- Un seul, il n’y en a eu qu’un seul depuis la création du monde, et il n’y en aura toujours qu’un. Il en va ainsi.

Zak reste silencieux méditant ces paroles. Que veux dire Arkonis en disant cela… Il y en aura bientôt deux si lui aussi devient gardien. Zak se laisse emporter dans sa rêverie, il voit déjà un groupe de gardiens parcourant le monde et venant en aide aux nécessiteux. Il les voit sauvant, aidant, menant à bien les quêtes les plus difficiles. Il sera l’un d’entre eux, lui aussi sera puissant et cette force, il la mettra au service des autres. Il se voit retournant à Tir Na Nog, allant dans les cavernes les bras chargés de victuailles.

Ils sont dans une maison de pierre d’aspect plutôt confortable, par la fenêtre ouverte, il remarque qu'il n’y a rien autour si ce n’est quelques arbres fruitiers. L’herbe sent bon comme au printemps lorsque le soleil décline.
La pièce est vaste, avec une grande table et une belle cheminée. Il y a plusieurs coffres posés aux pieds des murs. Sur le sol est étendu une peau de bête, sans doute un ours. Il y a des fenêtres et ces fenêtres ont des volets. Il faut être riche pour avoir des volets. Dans le fond se trouve une autre table sur laquelle est posée différentes choses. Des jarres, des boites, de la vaisselle en grès. Tout est propre. Il n’y a pas de trophées ou d’armes suspendus au mur, ils restent nus et simples. Arkonis invite Zak à s’asseoir et lui sert du fromage et du pain. Il lui verse un gobelet d’eau claire et fait de même pour lui. Zak fait un effort surhumain pour ne pas se jeter sur la nourriture. Mais il sait qu’il en aura en suffisance, Arkonis n’est pas homme à affamer un enfant. Il mange en silence, Arkonis le regarde.

- Où est votre épée ? ? ? demande il entre deux bouchées.
- Rangée dans ce coffre là près de toi. Cette arme a nom, c’est Arshell, l’épée des éléments. Elle fut forgée il y a plus de cinq mille ans par la grande esprit. C’est… une arme bénite, elle est capable de nombreuses choses.
- La grande esprit ? ? ? C’est … un dieu ? ? ?
- Les dieux comme tu les appelles peuvent porter bien des noms différents pour au final n’être qu’un seul, comprends tu ? ? ?
- Pas vraiment… Je…
- Le monde est une chose définie, c’est la matière. Il est habité par quatre grands esprits qui sont comme les murs qui portent cette maison. On l’appel le monde primaire. Ces quatres esprits règnent sur leur royaume. Ils ont de nombreux serviteurs et ont le pouvoir de vie. Ces quatre esprits sont le feu, l’air, l’eau et la terre. Les celtes leurs donnent des noms, ce sont vos dieux. Les Midgardiens aussi les vénèrent et leur ont donné des noms différents. Pour moi, ils sont les seigneurs élémentaire, les quatres qui ne font qu’un. Je suis chargé de veiller sur l’harmonie des quatres. Au centre des quatres se trouve la grande esprit, Nishra celle qui a donnée vie aux quatres qui ne font qu’un.
Les Albionnais la vénère directement, ils l’appellent Dieu. Ils vénèrent aussi les grands esprits élémentaires en leur donnant des noms qu’ils appellent archanges. Je sais que cela doit te paraître compliqué, reste donc sur l’essentiel, le monde repose sur cinq piliers, le plus gros au centre qui est Nishra, la grande esprit et sur les piliers élémentaires. Arshell donc fut forgée de la main de Nishra, elle puisa la matière dans l’essence des quatres seigneurs élémentaires et lui donna la forme d’une épée. Elle lia entre eux les quatres éléments et donna vie à l’arme pour qu’elle puisse comprendre quelle était sa mission. En un sens, Arshell est un esprit. Une personne comme toi ou moi mais qui a la forme d’une épée. Cela doit te paraître bien étrange…
- Je peux… la toucher ? ? ?"

Arkonis plisse les yeux, personne à part lui n’a tenu Arshell, elle est devenu sa compagne de route, une amie fidèle qui ne l’a jamais trahie même à travers les nombreux siècles qu’ils ont traversés ensembles.

-"Je ne sais pas si Arshell acceptera et si elle refuse, elle pourrait fort bien te tuer. Néanmoins, le choix t’appartient, car c’est à toi de tracer ta propre voie."

Zak hésite, mourir pour une épée, fût elle magique, est un sacrifice un peu trop important à ses yeux. Mais sans réellement savoir pourquoi il le fait, il se lève et ouvre le coffre. L’arme est là, belle, brillante, la lame dans un fourreau finement travaillé. Elle est si… parfaite.
Il la sort du coffre et la pose sur la table. Arkonis l’observe en silence. Zak lui lance un coup d’œil. Il pose sa main sur la garde et tire la lame au clair. Il ferme les yeux attendant la suite. Il sent Arshell pulser dans sa main, curieusement, l’épée est très légère. Il sent le pouvoir de l’arme affluer dans son corps, il a l’impression de grandir. La sensation est grisante. Il ouvre les yeux et regarde l’avant bras, la main et enfin l’épée. Il a envie de pleurer. Alors Arshell lui parle :

-"Ton tour n’est pas encore venu Zak, mais il viendra. Il viendra comme vient tout ce qui ne peut être évité. Le temps est caprice, trop long quand on voudrait qu’il soit court et trop court lorsque l’on voudrait qu’il dure à l’infini. Mais il s’écoule immuablement et il viendra celui où tu me brandiras."

Zak ne panique pas, il remet Arshell dans son écrin de métal et la replace dans le coffre. Arkonis se détend. Zak le remercie de l’avoir laissé prendre l’épée. Quelque chose a changé, en regardant Arkonis, Zak le comprend, il sait qu’il a franchi un obstacle sans vraiment savoir lequel.

- « Arkonis… Dis moi qui je suis, je t’en prie.
- Le moment n’est pas venu et ce n’est pas ma tâche de t’apprendre cela. Saches toutefois que tu as été conçu au solstice d’été et que tu es né au solstice d’hiver. Tu n’aurais pas du vivre, tu étais trop faible. Mais tu vécus car cela était la volonté de la grande esprit. Tu as en toi le sang des trois peuples. Vous êtes peu, très peu a porter le sang des trois peuples.
- Le sang des trois peuples ? ? ?
- Oui, Hibernia, Albion, Midgard, autrefois, il y a très longtemps, les trois pays étaient unis… C’était il y a si longtemps…
- Tu … enfin tu étais déjà là ? ? ?
- Oui, j’étais déjà là.
- Parles moi de cette époque, pourquoi y a-t-il trois royaumes maintenant ? ?
- J’ignore pourquoi il y a trois royaume, enfin je n’en suis pas sûr. Le monde était vaste, très vaste comme aujourd’hui d’ailleurs. Et les peuples grandirent, pas toujours en sagesse, souvent en force puis ils se querellèrent. Et enfin… Ils apprirent la magie. Ce sont les seigneurs du mal qui apportèrent une magie de destruction et de perversion, ils la donnèrent à ceux dont le cœur était rongé par l’ambition et la soif de pouvoir. Et ils étaient nombreux. Les esprits du bien offrirent alors une magie accrue pour rétablir l’équilibre.
- Les esprits du bien et du mal sont ils des dieux ? ? ?
- Non, ils ne possèdent pas le don de vie. Même si certains les adorent dans un simulacre. Les esprits du bien et du mal sont issus des Seigneurs élémentaires. Comme il existe quatres seigneurs élémentaires, il existe quatres points qui sont les règles du monde telle que la grande esprit les a définie. Le bien et le mal, la vie et la mort. Tout les quatres opposés formant une croix et se superposant sur les quatres qui ne font qu’un. Bien sûr, Nishra les domine tous, comme elle domine tous ce qui existe, existera ou a existé.
- Je comprends…
- Mais revenons sur l’époque où le monde était encore uni. La magie apporta à chacun bien plus que ce qu’ils avaient espéré. Bien sûr elle fût utilisée de mauvaise manière et des créatures hideuses naquirent de magnifiques bêtes brisant ainsi l’équilibre naturel. Des régions entières furent dévastées et il se dressa trois grandes forces. Alors Nishra se mis en colère, mais le mal était fait. Elle décida alors de séparer les terres en trois et de les isoler pour mille longues années. Pour faire cela, il fallait changer le cycle et tuer le grand dragon. Ce fût la première fois qu’elle exigea quelque chose de moi. Je réuni alors l’harmonie symbole du pouvoir de la grande esprit et nous nous lançâmes dans le plus grand combat qui résonna sur cette terre.
- L’harmonie ? ?
- Oui Zak, l’harmonie est la fusion des quatres champions élémentaires avec le gardien. C’est la plus puissante phalange de combattants qui peut fouler ce sol. Rien ne peut l’arrêter, elle est la colère de la grande esprit. Elle peut ouvrir les entrailles de la terre, faire jaillir le feu, faire tomber la foudre, pétrifier de glace, lever des vagues plus hautes que les montagnes. Son pouvoir est immense et dépasse de loin ton imagination. J’ai formé l’harmonie et nous avons combattu le dragon.
- Le dragon ? ? ? Lequel ?
- Le premier dragon Zak, le père et la mère des trois dragons. Le dragon originel. Nous étions cinq, Narion, champion du feu, Eléanna, championne de la terre, Sylia, championne de l’air, Telion champion de l’eau et moi même, Arkonis le gardien. Le combat dura presque un jour et une nuit et le dragon fut vaincu. Le combat avait été rude, très rude, nous étions à bout de force. Lorsque Narion vit les trois œufs, il comprit que d’autres dragons allait venir, alors il voulu les briser. Je m’y opposai avec fermeté, Sylia se joignit à moi car elle avait confiance en moi et elle m’aimait d’un tendre amour. L’harmonie fut brisée et la honte qui se posa sur le combat qui suivi gaspilla toute la gloire que nous avions eu à vaincre le dragon. Les trois champions se dressèrent contre nous, les œufs ne devaient pas être brisés, c’était là volonté de la grande esprit. Le combat fut féroce et fratricide. Sylia fût mortellement blessée. Arshell gronda de fureur et je tombai à genoux le souffle court devant les corps sans vie de ceux qui avaient été les champions des seigneurs élémentaires. Par chance Sylia n’était pas morte. J’invoquai alors la puissance de la magie de la terre et elle fut guérie de ses blessures. Poussé par une inspiration inconnue, je recueillis dans une coupe un peu du sang du dragon et je lui fis boire. »

Arkonis stoppe son récit, le silence résonne dans la pièce sombre. Il se souvient de chaque instant, il revoit tout dans les moindres détails. Il s’interroge se demande s'il s’agit d’un don ou d’une malédiction. Il n’est pas sûr de la réponse.

Il reprend la parole :

- « Le monde changea, c’est ce qu’avait voulu Nishra. Les terres se séparèrent et un voile de brume les isola. Sur chacun des trois continents vivait un dragon. Le plus au nord, était le plus froid des trois, le plus rude. Mais il était fascinant sous ses reflets de lumières glacées. L’autre était plus délicat, plus verdoyant. Il flottait dans l’air de légers flux de magie et il y avait de nombreuses créatures enchantées. Il était doux et envoûtant. L’autre enfin, était vallonné, fouetté par le vent. L’air était pur et les sources nombreuses. Il était sauvage et grisant comme la brise du bord de mer. Les trois peuples le façonnèrent à leur image ou du moins, la terre les façonna à la sienne. La magie de transformation apporta des choses nouvelles, parfois très belles, le plus souvent redoutable. Les trois peuples grandirent et s’épanouirent. Cela dura mille ans. C’est là que les grandes choses furent faites, les villes, la maîtrise de l’artisanat, les routes, l’exploitation des ressources naturelles de manière raisonnée. Mais aussi l’apprentissage de la guerre, de la magie, de toutes les magies. Je me demande aujourd’hui s'ls ne s’étaient pas simplement préparés à la guerre…
- Et toi ? ? ? Que faisait tu ? ?
- Je vécu mes années d’or… Les plus belles de ma longue existence. Elles demeurent dans mon souvenir comme le plus beau cadeau fait à un homme. Je partagea ma vie avec Sylia, de belles et longues années de bonheur Zak… C’était merveilleux, les rires raisonnent encore entre les murs de cette maison. Tu apprendras un jour ce que c’est que d’aimer une femme et d’être aimé en retour. Je te le souhaite Zak, c’est de loin ce qu’il y a de plus précieux en ce monde. Bien plus que la richesse ou la gloire… Bien plus que la puissance et le pouvoir. Nous sommes des êtres incomplets Zak, des moitiés de choses. Nous trouvons notre unité dans l’amour de celle qui habite notre cœur. Un homme ou un femme n’est rien s'ils n’ont pas cela. Ils n’existent pas vraiment, ils cherchent le chemin qui leur donnera la substance. Notre capacité à aimer, à souffrir, à avoir peur, à compatir, notre volonté à vouloir soulager les peines fait de nous des hommes Zak, ne l’oublies jamais. N’endurcis jamais ton cœur, même si ta douleur est grande, pardonnes ce qui peu l’être et bas toi férocement contre ce qui est facile et vain. Ne tournes jamais le dos lorsque l’on te demande ton aide, prends toujours la main tendue même si tu n’es pas dans le besoin, restes humble et écoutes. Si tu arrives à faire cela alors tu seras un grand parmi les hommes Zak. Quoi qu’il advienne de toi, même si ton bras est faillible, même si ta magie est faible, tu seras un grand parmi les hommes. N’en attends rien en retour, mais prends ce qui t’est offert et rappelle toi que parfois un croûton de pain est un cadeau plus précieux qu’un diamant. La véritable richesse n’est pas dans l’or où les gemmes mais dans le regard que les autres porteront sur toi. Et ce qu’offre un pauvre est souvent plus généreux que ce qu’offre un roi. Honores la mémoire de ceux qui ont fait de grands sacrifices au mépris de leur propre personne. Qu’il soit paysan ou combattant, la gloire n’est pas toujours dans le combat Zak. Un homme qui sue sang et eau pour que sa famille passe l’hiver a plus de mérite qu’un guerrier bardé de métal affrontant trois monstres qu’il a lui même été provoqué. Enfin cherches l’amour et si tu le trouves, bats toi de toutes tes forces, de toute ton âme pour qu’il dure jusqu’au dernier souffle. Sylia a vécu bien plus que n’importe qu’elle femme, elle avait bue le sang du dragon et sa longévité s’en est trouvée accrue. Son corps est enfouit dans la terre, elle repose ici. Je ne l’ai pas oublié, elle fait partie de moi.
- La magie ne pouvait elle pas… La faire revivre ? ? ?
- Non Zak, il est des choses que l’on ne doit pas changer. La grande esprit nous avait très largement récompensé, Sylia partit lorsque les brumes se dissipèrent et que les continents purent se toucher. C’était bien au delà de toutes espérances Zak et la magie fait partie de la grande esprit.
- Il existe plusieurs forme de magie ? ? ?
- Oui Zak, les formes les plus pratiquées sont la magie soustractive et additive. La magie n’a pas le don de vie, elle ne peut pas créer à partir de rien. La magie additive ajoute et renforce, c’est une magie de protection, de soin destinée à renforcer. La soustractive fait l’inverse, c’est une magie destructrice destinée à blesser ou tuer. Celui qui maîtrise parfaitement ces deux formes accède à la magie de transformation. Il existe aussi d’autre forme de magie, la magie de la mort et la magie élémentaire. La magie est un art difficile car il donne accès à une force immense et souvent… dévastatrice.
- Je suppose que tu pratiques la magie élémentaire ? ? ?
- Oui, tu as raison, mais sous une forme simple, un peu comme… une prière.

Le silence reprend ses lois, comme il le fait avant que gronde le vent…

- Arkonis… Pourquoi suis je là ? ? ?
- Pour devenir le gardien.
- Mais il y a déjà un gardien, tu es là ! ! !
- Je vais mourir.
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Clair de lune
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