La quête de la graine (suite et fin)

De nobles conteurs, à l'esprit empli de légendes et de hauts-faits, parcourent souvent notre belle place ! Venez les écouter !

La quête de la graine (suite et fin)

Messagepar lara » Mer 28 Avr 2004, 9:21

Au matin, dans la clarté du soleil levant, il distingue au loin, émergeant de la brume, une chaîne montagneuse. Si les indications du petit homme sont justes, il ne devrait pas tarder à atteindre le lac. Effectivement, après une heure de marche, il y parvient. L’eau miroite sous les rayons du soleil, chante en un léger clapotis. Un brusque découragement le gagne. Comment traversez cette étendue ? Le lac est bien trop large pour même penser le traverser à la nage, nul arbre pour construire un radeau.
Alors qu’il est plongé dans ses réflexions, un étrange bouillonnement agite la surface de l’eau. Dans une immense éclaboussure, un monstre apparaît. Son corps recouvert d’écailles scintille dans la lumière, sa gueule béante laisse entrevoir une double rangée de dents acérées comme des rasoirs, les yeux, vifs et cruels, scrutent Arliam avec malveillance. On sent l’animal prêt à bondir.
« Qui es-tu inconnu, pour oser imposer à ma vue ta misérable personne ? Ne sais-tu point que tu ne trouveras que la mort ici ? » Se disant, il se dresse sur la queue, dominant Arliam de toute sa hauteur, masquant le soleil par ses dimensions gigantesques. D’abord tétanisé par la peur, Arliam pense sa dernière heure arrivée. Puis soudain, plus preste que l’éclair, il ouvre la bourse pendue à son cou, en extrait promptement la deuxième graine. En un geste désespéré, il la lance de toute la force de son bras dans la gueule béante du serpent, prêt à le dévorer. Une aura incandescente nimbe alors le monstre, celui-ci semble pendant quelques secondes lutter contre une force invisible, puis docilement se laisse vaincre par la toute puissance de la graine.
« Ordonne, Maître, et j’obéirai. »
Ne perdant pas de temps, Arliam pénètre dans l’eau et s’empresse d’enfourcher cette si curieuse monture.
« Fais moi traverser le lac. »
Il ne faut pas plus d’une heure à l’étrange équipage pour rejoindre la rive opposée. La vue qui s’offre à eux n’est que désolation. Laissant derrière lui son compagnon improvisé, qui s’empresse de regagner les profondeurs, il s’engage sur les contreforts de la montagne. Tout ici n’est que roc, pierre noire tantôt lisse et brillante comme un miroir, tantôt hérissée d’arrêtes tranchantes. Prenant garde à éviter ces pièges, il commence son ascension. Il distingue dans le ciel des formes sombres, tournoyantes, perçoit des cris stridents, qui lui glacent le sang. Il devine qu’au moindre faux pas, à la moindre faiblesse, ces formes fondront sur lui, n’hésitant pas à faire de son corps leur festin. Poussé par la peur et l’angoisse, il progresse lentement sur ce terrain chaotique, levant régulièrement les yeux vers la cime. Le soleil décline à l’horizon, bientôt il aura disparu derrière la montagne. Il lui faut trouver un abri pour la nuit. Scrutant le paysage autour de lui, il repère une faille dans un rocher plus gros que les autres. Il décide de s’y installer, trouvant ainsi refuge contre les créatures volantes qui depuis le matin le poursuivent, guettant le moment propice à une attaque.
Il parvient à somnoler quelques heures, conscient que s’il dort tout à fait, s’en est fini de lui.
A l’aube naissante, il est à nouveau sur la pente. Et comme la veille, il marche durant des heures, escaladant inlassablement.
Il est maintenant proche du sommet. Une sensation de curieuse tiédeur lui fait baisser les yeux sur la bourse qui brinqueballe à son cou. Un halo rougeâtre en émane. Il la détache, l’entrouvre prudemment. Semblant n’attendre que ce moment, la graine en jaillit, virevolte un instant dans toutes les directions puis semble se fixer et l’attendre. Se remémorant les paroles de l’Eprit du Chêne, il s’engage à la suite de son étrange guide. Plus que dix lieues à parcourir, plus que dix lieues. A quoi doit-il s’attendre, comment s’y prendre pour s’emparer de la Graine ? Celui qui l’a volée doit avoir mis tout en œuvre pour la conserver. Quels périls devra-t-il encore affronter pour parvenir à son but ? Son regard se porte vers le sommet, comme pour y puiser la solution. Indifférente, la montagne se dresse, semblant le narguer, lui, frêle créature osant la défier.
La graine est maintenant saisie de frénésie, ne cesse d’aller et venir, l’incitant à presser le pas. Enfin, ils parviennent au sommet. Sans la moindre hésitation, la graine s’engouffre dans une grotte dont on distingue à peine l’entrée, camouflée par un éboulis de roches. Arliam la suit, tremblant, inquiet de ce qu’il va découvrir à l’intérieur. Il imagine quelque monstre abominable, chargé de veiller sur la Graine, prêt à lacérer de ses griffes crochues l’impudent qui tenterait de s’en approcher, à le déchiqueter, le laminer. Méfiant, il avance à pas précautionneux, les yeux écarquillés dans le noir, les oreilles attentives au moindre son. Silencieusement il dégaine son épée, saisit sa dague de l’autre main et s’avance au centre de la grotte. En lieu et place du monstre sanguinaire qu’il craignait de trouver, il découvre avec surprise un écrin de cristal. A l’intérieur, délicate et fragile, la Graine de Vie luit intensément, son éclat dépose une flaque de lumière sur le sol, rejaillit sur les parois. Charmé par ce spectacle, Arliam en oublie ses craintes et s’avance. Alors qu’il s’apprête à toucher le cristal, un éclair en jaillit, le rejetant brusquement au sol.
« Allons bon, cela aurait été trop simple », murmure-t-il.
Lui revient alors en mémoire une ballade que chantent les bardes, le soir à la veillée. L’histoire d’une princesse prisonnière d’un cercueil de cristal, enfermée là par quelque malveillant sorcier. Pour l’en sortir, l’on fit appel aux plus grands magiciens du royaume, mais nul ne parvint à inverser le maléfice. Pourtant, alors que tout espoir semblait perdu, un berger fut admis au chevet de la princesse. Il l’avait aperçue lors d’une de ses chevauchées et immédiatement en était tombé amoureux. Il se rendait au château ce matin là, voulant lui rendre un dernier hommage. Alors qu’il posait la main sur l’écrin de cristal, d’un geste emplit d’un amour pur et sincère, celui-ci s’était évaporé, rendant la princesse à la vie.

« Billevesées », se dit-il.
Et pourtant, mû par un instinct inopiné, il s’approche à nouveau de la stèle sur laquelle repose la Graine. Emplissant sa tête et son cœur de l’image de celle qu’il aime, à qui il a voué sa vie, il avance précautionneusement la main. Cette fois nul éclair, nulle douleur. Le cristal a disparu, la Graine repose au creux de sa main. L’air autour de lui se met à se tordre, les parois de la grotte deviennent floues, perdent leurs contours. Tout se brouille, il perd notion du temps, de l’espace. Quand il reprend conscience, il gît dans la clairière. Les animaux, les arbres, attentifs à son réveil, l’observent avec insistance. Lentement, il se redresse, désorienté, flageolant sur ses jambes.
« As-tu réussi, nous rapportes-tu la Graine, Homme ? »
Il sent dans la question de l’Esprit du Chêne toute l’angoisse et la terreur que représenterait un échec. Tendant la main, il lui laisse apercevoir la délicate semence.
« Que Notre Mère à Tous te bénisse jusqu’à la nuit des temps, Homme. En nous rendant la Graine, c’est la Vie que tu nous rends. Rentre chez toi à présent, une récompense t’y attend. »
Et tous se mettent à entonner un chant immémorial, hymne à la Nature, à la Vie.

Les laissant à leur célébration, Arliam, harassé par son périple, reprend une dernière fois la route. Cette fois il rentre chez lui, et son pas d’abord pesant, se fait de plus en plus alerte, alors qu’il entrevoit dans le lointain sa chaumière. Elle est là, à l’attendre sur le seuil. Comment a-t-elle su qu’il revenait ? Quel présage l’aura averti de son retour ? Toutes ces questions s’évanouissent tandis qu’elle se jette dans ses bras. Qu’il est doux de retrouver sa chaleur, son parfum. Alors qu’il s’ennivre de sa présence, elle murmure à son oreille :
« Mon amour, avant que tu ne me contes ton aventure, j’ai une nouvelle à t’annoncer. Quand la lune aura accompli neuf cycles, notre famille s’agrandira. »

Ainsi s’achève la quête de la Graine, Graine de Vie, Graine d’Amour, qui germe dans les yeux, éclos dans les cœurs et s’épanouît dans les corps.
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Messagepar Tower » Mer 28 Avr 2004, 16:32

J'aime à me définir comme un barde raté, je vois que d'autres ne le sont pas et que leur talent nous ouvre les portes du rêve
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Messagepar lara » Mer 28 Avr 2004, 19:18

Ca aurait pu être plus travaillé, manque de psychologie, de profondeur et la fin un peu facile, mais j'ai pris plaisir à l'écrire pour vous :)
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